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D’Arosa à Lenzerheide N° 1386
Arosa, Prätschli — Lenzerheide, Rothornbahn • GR

D’Arosa à Lenzerheide

Sans équipement, il est difficile de progresser dans un paysage hivernal enneigé. Il faut aux randonneurs des raquettes ou des skis revêtus de peaux, à moins que le chemin ne soit déjà tracé et ainsi rendu sûr. C’est le cas du sentier Heidi & Gigi, qui relie Arosa à Lenzerheide: il requiert une bonne dose de technique. Non seulement il est aplani avec un engin à chenilles, mais il comprend également un petit tronçon technologique, le téléphérique de l’Urdenbahn. Ce dernier mène du Hörnli, au-dessus d’Arosa, au col d’Urdenfürggli, du côté de Lenzerheide, à 1,7 km de là. Si l’on préfère la variante sportive de cette longue randonnée, on peut partir du haut plateau de Prätschli, au-dessus d’Arosa, accessible avec le bus local. Après un échauffement agréable sur le versant ensoleillé du domaine skiable d’Arosa, on attaque l’ascension raide et parfois cahoteuse du Hörnli. On flotte ensuite en silence à bord du téléphérique moderne qui franchit, sans l’aide d’un seul pylône, la réserve naturelle sise dans le haut de la vallée de l’Urdental. Après deux brèves descentes en télésiège, on rejoint un chemin stable tracé avec habileté à flanc de montagne, sans quitter des yeux les larges versants baignés de lumière de la vallée de Lenzerheide. Après l’alpage de Scharmoin, le chemin pénètre dans la forêt pour rejoindre, plus bas, le lac de Heidsee. Sur certains tronçons, randonneurs et lugeurs se partagent le terrain. Depuis Lenzerheide, on peut revenir à Arosa via Coire avec le car postal et un chemin de fer à voie étroite.
Hiver paisible dans le Val d’Avers N° 1396
Avers, Juppa • GR

Hiver paisible dans le Val d’Avers

Jeter un coup d’œil au-delà de la frontière septentrionale de leur empire faisait frémir les Romains, car c’est là que s’étaient installés les Gaulois, ces barbares aux mœurs effrayantes et à l’affreuse langue. La zone frontalière était en quelque sorte l’antichambre de cet enfer étranger des Pré-Gaulois, un mot qui se rapproche de l’actuel Bregaglia, germanisé en Bergell. La vallée de Bergalga n’est pas le val Bregaglia, mais le nom trahit bien leur proximité. Autrefois, les habitants du val Bregaglia ne craignaient pas d’effectuer une longue marche par des cols élevés pour aller faire paître là-bas leurs vaches en été. En hiver, lorsque l’alpage est désert et enneigé, un silence absolu règne dans la vallée. Ici et là, seuls quelques skieurs de fond, skieurs de randonnée et, bien sûr, randonneurs la parcourent. Ces derniers disposent d’un bel itinéraire bien aménagé sur un large tracé. La randonnée part de l’arrêt de car postal «Avers, Juppa». Une petite route descend vers le domaine skiable familial à l’entrée de la vallée. La première partie de la randonnée est totalement plate et passe en-dessous des maisons de Vorder Bergalga. Ici déjà, le panorama est à couper le souffle. La vallée de Bergalga n’est pas du tout étroite et encaissée, c’est un vaste haut-plateau d’où la vue sur les montagnes alentour est magnifique. La randonnée hivernale prend fin sur un charmant alpage. En suivant le versant oriental de la rivière Bergalga, on arrive à l’Alp Hinter Bergalga (présente sur la carte nationale sous le nom de «Olta Stofel»). Devant la petite cabane, bancs et tables invitent les marcheurs à manger leur pique-nique au soleil en admirant la vue. Le chemin de retour jusqu’à Juppa est le même qu’à l’aller.
Une cascade enfouie N° 1346
Wergenstein, Tguma — Gasthaus Rofflaschlucht • GR

Une cascade enfouie

Les habitants ne s’étaient pas trompés sur le grondement qu’ils entendaient dans les gorges de la Rofla, derrière l’auberge, supposant qu’il s’agissait d’une cascade. Durant l’hiver 1907, l’intrépide propriétaire de l’auberge, Christian Pitschen Melchior, a commencé à creuser un chemin dans la roche jusqu’à la cascade à coups d’explosifs. Sept ans plus tard, il est venu à bout de son dur labeur. On pouvait dès lors randonner jusqu’à la cascade et même passer derrière le Rhin postérieur au prix de 1 franc. Grâce à cette attraction, l’aubergiste au bord du chemin muletier s’était assuré son avenir. La randonnée jusqu’aux gorges de la Rofla traverse le Parc naturel de Beverin. On passe par des pâturages alpestres entre Tguma, au-dessus de Wergenstein, et Farcletta digl Lai Pintg, puis par le lac Lai da Vons, avant de redescendre à Sufers. En chemin, on voit que de nombreux efforts ont été faits afin d’endiguer l’exode dans l’Unterland. A commencer par l’hôtel Capricorns à Wergenstein. Plus bas, dans la vallée, entre Sufers et les gorges de la Rofla, le chemin se déroule sur la voie historique via Spluga (itinéraire de La Suisse à pied n° 50). La randonnée se termine derrière la cascade. Pour la rejoindre, on accède à la galerie creusée dans la roche depuis une petite porte dans le fond de l’auberge. Ce spectacle de la nature reste très impressionnant, même lorsque l’eau du Rhin postérieur est retenue et que la quantité d’eau projetée sur la roche est moindre.
Sur les traces des Walser du Fondei N° 1383
Langwies • GR

Sur les traces des Walser du Fondei

Le Fondei est une vallée d’altitude, elle-même sise dans la vallée du Schanfigg. Il y a 700 ans, les Walser vinrent s’y établir en provenance du nord. Considérés comme un peuple à part entière, ils avaient l’indépendance chevillée au corps, mais aussi une réputation de travailleurs. Ici et là, ils avaient défriché des vallées entières pour les rendre cultivables. Les notables de la vallée leur accordèrent ainsi l’asile. Cette randonnée en luge mène sur les traces des Walser dans la vallée de Fondei. Débutant sur la place du village de Langwies, l’itinéraire hivernal emprunte la route enneigée (le chemin utilisé en été dans le fond étroit de la vallée est fermé en raison du danger d’avalanche). Le premier tronçon, raide, monte à travers la forêt. Après une bonne vingtaine de minutes, on atteint une bifurcation: pour la vallée de Fondei, prendre à droite. Après 45 minutes, on atteint une galerie qui protège des chutes de pierres et de la neige avant de déboucher sur un paysage ouvert et vaste, parsemé de maisons isolées: c’est la vallée de Fondei. Autrefois, les Walser y habitaient à l’année. Mais ce temps est révolu. En été, les maisons accueillent les vacanciers. Et en hiver, la vallée est déserte. Seule la cabane du Skihaus Casanna reste ouverte, accueillant les visiteurs dans une salle chauffée par un poêle. La descente en luge emprunte le même chemin qu’à l’aller, mais à toute vitesse cette fois. Le record établi pour les 5 kilomètres de descente est de 3 minutes et 54 secondes. Il a été enregistré fin février lors de l’une des courses de luge annuelles de Langwies.
Dans le Val Poschiavo 1 N° 1344
Poschiavo — Miralago • GR

Dans le Val Poschiavo 1

Un vent frais souffle sur le Val Poschiavo. Il y a quelque temps, une poignée de touristes, de paysans et de producteurs malins se sont associés pour promouvoir les produits locaux. Menus locaux à l’hôtel, pain au sarrasin de la région, tisanes et épices de la vallée ... Les produits bio ici sont labellisés «100% Val Poschiavo» et ne réjouissent pas que les clients. Les randonneurs aussi peuvent rencontrer certains producteurs. Par exemple, près des champs de sarrasin, dont la mouture se fait aujourd’hui encore à la pierre meulière à San Carlo et l’emballage à la main. Ou près des champs d’herbes aromatiques colorés, d’où proviennent thés et épices. On les trouvera près de Le Prese. La randonnée, facile, commence à la gare de Poschiavo. On traverse bientôt la via di Palaz et ses maisons de maîtres, avec leurs jardins où poussent déjà quelques herbes et plantes. On marche encore un peu sur l’asphalte jusqu’à Li Curt, puis le long d’une digue, toujours en suivant la rivière Poschiavino, jusqu’à ce que le chemin mène le long des premiers champs d’herbes aromatiques. De temps en temps, il souffle un vent mentholé. On se réjouit à la vue des jolis soucis orange. Les plantes sont récoltées en été et à l’automne, elles sont séchées, puis transformées en thés, en épices ou en bonbons. On passe devant le camping et d’autres champs d’herbes aromatiques, puis on arrive sur le chemin des rives du Lago di Poschiavo. Avant de bifurquer vers le sud, celui-ci passe d’abord par une gravière et plusieurs aires de grillade. Et le calme revient sur le chemin bien aménagé qui progresse tranquillement entre l’eau, la paroi rocheuse escarpée et des tunnels, jusqu’à Miralago.
Dans le Val Poschiavo 2 N° 1345
Fda Ospizio Bernina — Cadera • GR

Dans le Val Poschiavo 2

Le Val Poschiavo était enfoui sous un énorme glacier durant la dernière période glaciaire. L’eau de fonte a taillé de gigantesques moulins glaciaires près de Cavaglia, appelés ici «Marmites des géants». Les pierres ont creusé la roche avec une force inouïe, le plus profond moulin mesurant plus de 14 mètres. A la fin de la période glaciaire, les moulins se sont remplis de terre et de cailloux. Des bénévoles les ont vidés et on peut aujourd’hui les visiter gratuitement. La randonnée commence tranquillement. Une route de gravier part d’Ospizio Bernina et mène jusqu’au barrage, puis jusqu’à Poz dal Dragu, où l’on prend un sentier qui descend au Lagh da l’Ombra, un petit lac paisible. Puis on attaque la montée – la seule véritable de cette randonnée – avant que le chemin passe devant des épicéas, des blocs erratiques et quelques vues dans le vide. De l’autre côté de la vallée, le train serpente vers le haut. Au-dessus, il y a le restaurant d’Alp Grüm et plus haut encore, le glacier du Palü. On entame bientôt la descente pour Cavaglia et ses moulins glaciaires. Le chemin, qui se termine à Cadera, est une ancienne route commerciale pavée. On ne peut pas dire avec certitude si la famille Fahrender, qui chemine dans une légende locale, est passée par ce chemin. Mais on sait qu’elle a traversé les gorges de Cavagliasco, où la mère, âgée et fatiguée, a demandé de faire une pause. Ses fils, affamés et impatients, n’ont montré aucune compréhension et ont précipité la vieille femme dans les gorges. Avant de s’écraser, elle a maudit sa famille et la roche s’est ouverte, entraînant ses fils avec elle.
Les Andes en Engadine N° 1340
Spinas — Champfèr • GR

Les Andes en Engadine

En octobre, dans le Val Bever, l’herbe est brune, les pierres sont grises, parsemées de lichens verts, et le ciel de l’Engadine est d’un bleu profond. Ces couleurs rappellent son pays à Yussif Calderón, un ancien guide de montagne de Bolivie qui travaille aujourd’hui comme médecin en Suisse. Sur le plan topographique, le Val Bever présente aussi d’étonnantes similitudes avec le haut-plateau bolivien. Le Piz Grisch, par exemple, évoque l’Illimani, le sommet qui culmine à 6438 mètres et qui est bien visible depuis La Paz. Alors qu’en été, les randonneurs quittent la gare de Spinas pour se diriger en général vers la cabane Jenatsch, plus tard dans l’année, le chemin passe par le col de Suvretta et rejoint Saint-Moritz. C’est une longue et belle randonnée qui s’effectue le plus souvent au-dessus de la limite de la forêt à travers une région alpine aride. De la gare de Spinas, un chemin peu visible monte d’abord dans les forêts de mélèzes, puis longe le ruisseau Beverin vers Zembers da Suvretta, où le chemin bifurque vers le sud. Il faut alors monter dans la haute vallée Suvretta da Samedan, dont le paysage, la végétation rare et le côté sauvage rappellent la région andine bolivienne. Mais en Bolivie, les Campesinos vivent à plus de 4000 mètres et Yussif Calderón raconte volontiers des anecdotes sur cette population des hauts-plateaux. Du col de Suvretta (2615 mètres), au pied du Julier, la vallée et les imposants sommets de l’Engadine, situés sur l’autre versant de Saint-Moritz, sont splendides. Les montagnes se reflètent dans le Lej Suvretta, un petit lac de montagne qui apparaît juste après le sommet du col. Il ne reste plus qu’à descendre à Champfèr.
Une boucle vers la cabane Kesch N° 1381
Bergün, Tuors Chants • GR

Une boucle vers la cabane Kesch

Encore une petite tranche de saucisse de bouquetin? Celle de la cabane Kesch est vraiment bonne: «Le garde-chasse a tiré proprement sur la bête et, comme il est aussi boucher, la saucisse vient directement d’ici», explique Reto, le gardien. A sa carte, on trouve aussi de la tisane du Val Poschiavo et de la tourte aux noix des Grisons maison. De la terrasse, on admire le Piz Kesch et le Piz Ela, qui a donné son nom au parc naturel, le Parc Ela. De Chants, tout au fond du Val Tuors, nous sommes montés agréablement vers des montagnes isolées. Il souffle un léger vent, seule une traînée dans le ciel rappelle la civilisation. Petite pause sur les rochers, entre les deux lacs Lai da Ravais-ch Suot et Sur. L’eau s’écoule d’un côté vers l’ouest et, de l’autre, vers l’est, car nous sommes ici sur la ligne de partage des eaux entre le Rhin et l’Inn. Si nous posions un petit bateau en papier sur chacun des lacs, l’un rejoindrait la mer du Nord et l’autre la mer Noire, en passant par le Danube. «Allez, fais le beau pour la photo!» Incroyable mais vrai, la marmotte s’exécute. Après avoir posé, elle s’en va rapidement et saute sans hésiter par-dessus le ruisseau pour disparaître dans son palais, un monticule de terre qui compte pas moins de huit entrées. Ici, cerfs, bouquetins et chamois vivent aussi en grand nombre et nous voyons même un batracien dans une mare. Le chemin pédestre longe les méandres du joli ruisseau. Sur la gauche, le Val Funtauna et, sur la droite, le Piz Kesch avec le glacier Vadret da Porchabella. Cette vue superbe nous aide lors de la montée vers la cabane Kesch, qui n’est pas de tout repos. Après avoir repris des forces, il faut redescendre vers Chants, à travers des buissons de myrtilles et des prairies d’un vert toujours plus intense.
Nuitée glaronnaise N° 1321
Bergst. Tierfehd-Kalktrittli — Burleun • GL

Nuitée glaronnaise

La construction du barrage a changé bien des choses pour la cabane du Muttsee (GL). Le passage par la galerie, très apprécié des randonneurs, ayant été fermé, il fallait monter par le Chalchtrittli, un endroit exposé déconseillé aux personnes souffrant de vertige. Pendant les travaux, le nombre de nuitées a reculé et la cabane est devenue la cantine des ouvriers. La décision mûrement réfléchie de la rénover et de l’agrandir pendant la durée du chantier s’est concrétisée durant les étés 2012 à 2014. Depuis sa transformation, la cabane dispose d’un raccordement électrique qui suffirait pour un grand ménage et est sûrement la seule du CAS à être équipée de la fibre optique. La randonnée par le Kistenpass a elle aussi un nouveau tracé, construit en 2016 par des bénévoles: de la cabane du Muttsee, il traverse le mur du barrage, puis descend dans une dépression de terrain. La construction de la centrale de pompage-turbinage de Limmern a commencé en 2009 et s’est terminée en 2016. L’installation pompe de l’eau dans le lac de Limmeren et l’injecte dans le lac de Muttsee, situé plus haut, triplant ainsi les performances de l’ancienne centrale. Il est surprenant de n’apercevoir aucune trace de l’immense chantier. A partir de 2018, il devrait à nouveau être possible de rejoindre la cabane par la galerie.
Oreilles grandes ouvertes N° 1316
Pradatsch — Il Fuorn • GR

Oreilles grandes ouvertes

Pour Kurt Eggenschwiler, qui dirige la section de l’acoustique et du contrôle du bruit de l’institut fédéral de recherche Empa, une randonnée dans le Parc national suisse s’apparente à une pièce de théâtre composée de multiples sons et bruits. Pour cet acousticien, qui écoute et analyse ce que d’autres ne remarquent même pas, la forêt est comme une grande salle de concert naturelle, où les arbres jouent symboliquement l’ouverture de l’itinéraire. Viennent ensuite des paysages de ruisseaux, qui sont l’incarnation d’un lieu calme, des endroits complètement silencieux, des cloches de vaches – qui font partie du décor acoustique d’une balade en montagne –, le mugissement du vent qui couvre tout le reste, une élévation de terrain qui fonctionne comme un mur antibruit et, enfin, une route très fréquentée, qui ramène à la civilisation. La randonnée sonore débute à Pradatsch, dans le Val S-charl. Le chemin s’élève dans le Val Mingèr jusqu’à la place de repos de l’Alp Mingèr, puis quitte provisoirement le Parc national à hauteur de Sur il Foss. Jusque-là, la marche n’est pas difficile, mais la montée qui suit jusqu’à la Fuorcla Val dal Botsch, à 2677 mètres, est raide. En haut, on revient dans le Parc national. Vient alors la longue descente, sur une pente moins raide qu’à l’aller, vers la route du col de l’Ofen. Un torrent accompagne en permanence les marcheurs qui peuvent faire une halte à mi-chemin sur une place aménagée sur sa rive. Après le croisement avec la route du col de l’Ofen, l’itinéraire longe l’Ova dal Fuorn jusqu’à l’Hôtel Il Fuorn, d’où le bus rejoint Zernez. Il est interdit de quitter les chemins dans la zone du Parc national.
Au bord du domaine skiable d’Arosa N° 1265
Talstation Hörnlibahn — Hörnlihütte • GR

Au bord du domaine skiable d’Arosa

Ces lacs de montagne peu distants l’un de l’autre puisqu’on les rejoint en 45 minutes à pied, tous deux alimentés par l’eau de la jeune Plessur, ne pourraient guère être plus différents. Le Schwellisee, né suite à un éboulement, est entouré de prairies. En été et en automne, ses eaux sont assez chaudes pour la baignade. A l’origine, le lac était situé au cœur d’une forêt d’aroles que les Walser défrichèrent lorsqu’ils s’installèrent dans la région d’Arosa. Aujourd’hui encore, on peut voir depuis la rive les troncs d’aroles au fond du lac. L’autre lac, l’Älplisee, formé de sédiments glaciaires, est situé environ 200 mètres plus haut, mais son paysage est beaucoup plus ancien. Il est dominé par les imposants champs d’éboulis qui s’étendent de l’Älpliseehorn jusqu’au bord de l’eau. Dans celle-ci se reflète la pyramide rocheuse de l’Älplihorn, souvent couverte de neige à la fin de l’automne et lors de coups de froid. Même en été, l’eau limpide du petit lac est d’un froid glacial. Il faut dire que huit mois par an, le lac est gelé et qu’en automne, il est parfois presque asséché. Le mieux est de commencer la randonnée à la station inférieure de la télécabine du Hörnli. Pour rejoindre le Schwellisee, on marche sur une route alpestre bordée de nombreux bancs. Peu avant l’Älplisee, on franchit la Chlus, un ressaut escarpé assuré par des câbles en acier. De l’Älplisee, il faut descendre brièvement dans un couloir, puis traverser la pente. Après, le chemin serpente joliment le long de la «verborgene Weng», un pierrier né suite à un éboulement, jusqu’à la cabane du Hörnli. Lors de la descente à bord de la télécabine du Hörnli, on peut voir l’ensemble du domaine skiable d’Arosa.
En raquettes près de Sedrun N° 1293
Segnas, Bahnhof — Mumpé Tujetsch • GR

En raquettes près de Sedrun

Une terrasse de montagne isolée offrant un beau panorama et des mayens recouverts de mètres de neige. Appuyés au bois noirci par le soleil de la cabane d’alpage, qui renvoie la chaleur du soleil et nous chauffe le dos, nous voilà prêts à sortir le pique-nique du sac. Que demander de plus? Quelle chance que le soleil soit de la partie, comme le calendrier d’oignons le prévoyait d’ailleurs. Ce calendrier est une tradition de la Surselva. La veille de Noël, à minuit, on coupe un oignon et l’on dispose en un cercle douze couches qui correspondent aux mois de l’année suivante. On verse ensuite du sel dans chacune d’entre elles. Le lendemain, les couches qui ne contiennent pas d’eau sont annonciatrices de beau temps pour les mois qu’elles représentent. Si on peut s’y fier, la randonnée en raquettes sur l’Alp Prau Sura sera ensoleillée. La gare de Segnas se situe un peu en contrebas du village. Si l’on veut prendre des forces avant la montée, c’est le dernier moment pour le faire car il n’y aura pas d’autre possibilité de restauration. En passant à gauche de l’église et en longeant au début la piste de ski, on rejoint la lisière des arbres, où le panneau indique qu’il faut tourner à gauche et entrer dans la forêt. La montée entre des sapins enneigés est superbe et les raquetteurs sont ravis, une fois la forêt franchie, de découvrir devant eux le hameau de Run Cunel et l’Alp Prau Sura. Ce paysage paisible donne envie de s’attarder en ces lieux, mais il ne faut pas oublier le retour, qui nous fait descendre à travers une forêt clairsemée et nous mène à la gare située tout près du petit village de Mumpé Tujetsch. On peut prolonger l’itinéraire jusqu’à Sedrun (5,5 kilomètres).
La Via Engiadina en hiver N° 1180
Lavin — Ardez • GR

La Via Engiadina en hiver

Le sentier de grande randonnée Via Engiadina, qui traverse la Haute et la Basse-Engadine, est partiellement praticable en hiver. Le tronçon situé en Basse-Engadine est probablement l’un des plus longs chemins de randonnée d’hiver de Suisse. Il relie les très jolis villages bien préservés de la vallée. La partie entre Lavin et Ardez est sans doute la plus belle de l’itinéraire. On la parcourt sur le versant ensoleillé, bien au-dessus de l’Inn, d’où l’on a de superbes coups d’œil sur le vaste paysage enneigé. De Lavin, le large chemin préparé s’élève en pente douce. Comme il franchit un versant sujet aux avalanches, le passage est parfois fermé sans préavis. L’itinéraire offre de beaux points de vue sur le bas de la vallée et sur la chaîne des sommets des Alpes du Val Müstair sur le versant opposé. Après avoir traversé une gorge étroite dans la forêt, on dépasse l’ancien moulin de Resgia en se rendant vers Guarda. Lorsqu’une nouvelle route fut construite dans le fond de la vallée durant la deuxième moitié du XIXe siècle, les villages situés dans les hauteurs, autrefois traversés par la route, furent délaissés. Cet arrêt du développement, très difficile pour la population, permit de sauver en particulier la qualité architecturale de Guarda. Le village, théâtre de l’histoire de «Schellenursli», le petit héros d’un célèbre récit pour enfants, reçut en 1975 le Prix Wakker du Patrimoine suisse. Le site possède un ancien milieu bâti conservé de manière exemplaire, caractérisé par de nombreux sgraffites décoratifs. L’itinéraire se poursuit, presque à plat, jusqu’au hameau de Bos-cha, puis en pente raide vers l’Alp Munt. Les efforts de la montée sont récompensés par la vue superbe sur la vallée de l’Inn et les sommets enneigés environnants. La descente vers le village d’Ardez se fait ensuite sur une pente douce et régulière.
Les teintes surprenantes des lacs de Jöri N° 1140
Wägerhütta — Röven • GR

Les teintes surprenantes des lacs de Jöri

Wägerhütta, en contrebas du col de la Fluela, est le point de départ de cette fantastique randonnée en montagne qui, par des vallées primitives et des cols isolés, mène vers des lacs très particuliers. Au terme d’une ultime ascension aussi brève que raide, on parvient à la Winterlücke. En regardant derrière soi, on remarque le cône d’éboulis au point 2666, qui doit sa forme de petit volcan à l’activité d’anciens glaciers. Quelques mètres plus bas, après avoir franchi des petits lacs de montagne sans nom, on aperçoit soudain au loin des eaux turquoises. Par temps couvert, dans ce décor gris de pierres et d’éboulis, cette teinte paraît presque irréelle. Elle cadrerait bien dans un décor balnéaire, au pied des palmiers. Mais ici, à cette altitude, elle a de quoi surprendre. La descente sur les éboulis de roches instables nécessite une certaine attention avant d’atteindre les lacs de Jöri. Bien que ceux-ci soient situés à proximité les uns des autres, leurs eaux ne sont pas toutes turquoises et elles paraissent même un peu laiteuses. Certains lacs limpides reflètent les couleurs du ciel. À l’arrière s’étend le glacier de Jöri dont les eaux riches en poudre minérale parviennent par voie souterraine jusqu’à certains lacs, leur conférant leur magnifique teinte turquoise. Les lacs de Jöri ne manquent pas de faire leur effet, même par temps nuageux! Un chemin au tracé plus ou moins apparent mène vers le col de Jörifless. Il vaut mieux ne pas devoir chercher sa route dans le brouillard... Une fois le col passé, c’est à nouveau par un chemin de randonnée clairement défini qu’on amorce la descente vers le vallon de Fless, formé durant la période glaciaire. L’automne venu, les versants herbeux arborent des nuances brun ocre, les bâtiments d’alpage sont verrouillés avant l’hiver et les cloches des vaches et des chèvres restent muettes. Une petite route alpine longe les eaux pétillantes de l’Aua da Fless jusqu’à Röven, sur la route du col de la Fluela.
Randonnée spectaculaire 4 N° 1258
Brambrüesch — Mutta • GR

Randonnée spectaculaire 4

Qu’est-ce qu’un beau paysage? Pourquoi certains paysages semblent-ils plus attirants que d’autres? LA RANDONNÉE s’est posé ces questions en compagnie de trois femmes en route sur une montagne proche de Coire située entre le Domleschg et la vallée de Churwalden, au pied nord du Stätzer Horn, un vaste sommet arrondi. Et, bien qu’elle ne porte aucun nom, ce n’est pas n’importe quelle montagne puisque c’est là, sur un site offrant une superbe vue panoramique, que se dresse le Dreibündenstein (pierre des Trois Ligues) à l’endroit où se rejoignaient les Trois Ligues grisonnes. Il semble qu’une condition essentielle pour qu’un paysage plaise est son accessibilité. Dans notre cas, facile! Le téléphérique de Brambrüesch se trouve au centre de Coire. De la station supérieure, le chemin passe par les Spundisköpf et mène au télésiège des Hühnerköpfe que l’on emprunte pour éviter de monter trop près de l’installation ou sous celle-ci. Nous voilà déjà à Furggabüel, d’où l’on voit le Dreibündenstein, un obélisque de calcaire posé en bordure du large sommet arrondi. En passant devant cette borne frontalière, on poursuit en faisant un large arc de cercle par des collines au doux relief vers l’ouest, la station supérieure du télésiège de Mutta et le village de montagne de Feldis. Au final, la montagne sans nom et le paysage autour du Dreibündenstein sont-ils beaux? Les trois femmes interrogées ont répondu par l’affirmative, mais pour différentes raisons. Comme l’explique un spécialiste, la beauté est non seulement subjective, mais est aussi conditionnée culturellement. De toute façon, où d’autre que dans un site de toute beauté les représentants des Trois Ligues rhétiques auraient-ils pu, il y a des siècles de cela, établir leur frontière commune?
Randonnée en boucle près de Sedrun N° 1261
Bahnhof Tschamut-Selva • GR

Randonnée en boucle près de Sedrun

Dans la région de la Surselva, les habitants se fient à leurs propres méthodes, notamment celle du calendrier aux oignons, pour savoir quel temps il fera. Le 24 décembre, ils coupent un oignon en deux, détachent soigneusement ses couches, les placent l’une à côté de l’autre et y déposent du sel. Le lendemain, ils regardent si elles sont mouillées. Chaque couche correspond à un mois de l’année et l’eau qu’elle contient permet de prédire le temps. Si le beau temps est au programme, on en profitera pour effectuer une randonnée en boucle au soleil. Elle débute à la gare de Tschamut et se termine dans le même village, en contrebas de la gare. Jusqu’à Milez, le parcours suit le chemin de montagne. La montée, régulière, n’est pas pénible. Le panorama est beau et le calme des lieux apaisant. A Milez, on a droit au brouhaha du domaine skiable, mais pas pour longtemps, et l’on peut descendre en télésiège à Dieni si l’on veut interrompre la randonnée. La pente vers Planatsch est aussi fréquentée par des lugeurs. Les terrasses ensoleillées des restaurants invitent à une pause. Le chemin, en dessous de l’Ustaria Planatsch, redevient tout à fait calme et charmant. Il traverse une forêt jusqu’à la route du col à peine fréquentée que l’on suit jusqu’au village de Tschamut et au Restaurant Rheinquelle. Il ne reste plus qu’une petite montée jusqu’à la gare où l’on reprend le train en direction de Disentis ou d’Andermatt. Faut-il croire au pouvoir d’oracle du calendrier d’oignons? Libre à chacun de penser ce qu’il veut. Autrefois, l’Eglise, en tout cas, ne cachait pas son scepticisme face à cette pratique. Le couvent de Disentis, jadis puissant, ordonnait ainsi aux oracles de dire un Ave Maria au moment où ils disposaient les morceaux d’oignons.
Lac et château à Werdenberg N° 1285
Kurhaus Voralp — Schloss Werdenberg • SG

Lac et château à Werdenberg

Le petit lac de Werdenberg, au bas de la colline du château, est-il naturel ou artificiel? L’histoire ne le dit pas clairement, mais il servait en tout cas de réservoir d’eau. L’autre lac artificiel de la commune de Grabs est le Voralpsee, situé tout là-haut, dans la zone montagneuse de la chaîne de l’Alvier. C’est d’ailleurs le point de départ de la randonnée. Un éboulement de rochers de l’époque glaciaire créa ce lac situé au cœur d’un paysage alpin de carte postale. Lorsque l’on passe devant le lac de Werdenberg dans le car postal pris à la gare de Buchs, on voit déjà le but de l’excursion: le puissant château trône sur les contreforts d’une arête sous laquelle on voit deux ruelles bordées de maisons en bois qui datent presque de la même époque que la forteresse d’origine des comtes de Montfort. Du fait des méandres du Rhin, la plaine n’était ni cultivée, ni habitée, et c’est sur les pentes raides des arêtes haut perchées et en partie boisées que se dressent d’imposantes fermes. Les paysans élèvent toujours du bétail là où, en un lieu ensoleillé, le comte faisait estiver ses chevaux. Après avoir changé de bus à la poste de Grabs, on découvre à chaque contour de la route de montagne un paysage toujours plus étendu. Alors que la vue s’ouvre jusqu’au bas des montagnes et sur la vallée du Rhin, soudain, l’arête s’aplatit et les parois semblent toutes proches. La forêt, la prairie et le lac se fondent en un paysage infini qui n’a pas changé depuis l’époque des comtes. Depuis le lac, le parcours traverse des pâturages et longe brièvement le sentier «Rheintaler Höhenweg» de Chalchofen à Lidmäl. Un passage dans une belle forêt nous amène à la magnifique et surprenante vue sur la plaine du Rhin. Enfin, on passe devant la zone pour grillades d’Egeten avant de rejoindre le château depuis son versant escarpé.
Eau vive près du Piz Ela N° 1243
Filisur — Preda • GR

Eau vive près du Piz Ela

Le cours d’eau Selabach aurait dû être exploité à Filisur pour la production d’énergie, mais comme il se tarit en hiver, le projet fut abandonné. En été, par contre, il gargouille joyeusement et bruyamment dans le Val Spadlatscha, entre le lieu où il prend sa source, au pied du Piz Spadlatscha, et son embouchure dans l’Albula. Les hommes utilisent alors son eau: sur l’Alp Prosot, où l’on produit chaque été jusqu’à 5 tonnes de fromage, elle fournit l’énergie nécessaire au fonctionnement de la machine à traire, des lampes et des appareils du bâtiment d’alpage. Plus bas dans la vallée, près de Sela, le Selabach fait tourner gaîment une roue à eau. Le Val Spadlatscha est marqué par l’activité humaine. On y fait du foin, on y coupe du bois et les vaches estivent sur les beaux pâturages. Les mayens, d’anciennes granges à foin, accueillent aujourd’hui les vacanciers. Depuis 2012, la vallée latérale de celle de l’Albula fait partie du Parc naturel Ela. On peut découvrir le Val Spadlatscha et les montagnes entourant le Piz Ela lors d’une randonnée de deux jours. Après avoir quitté Filisur, on rejoint les mayens de Sela sur un sentier forestier large, mais raide. Le chemin longe le Selabach, sur une pente plus douce, jusqu’à la jolie cabane Ela (sans gardien), située là où le cours d’eau prend sa source. Chemin faisant, on fera un crochet par l’Alp Prosot, où l’on peut acheter du fromage. Au cours de la deuxième journée, on fait pratiquement le tour de l’imposant Piz Ela. Le chemin mène d’abord au col d’Ela, d’où l’on a une vue superbe sur le Tinzenhorn, puis sur le Lai Grond et enfin sur le Val Tschitta sauvage, au-delà de la Fuorcla da Tschitta, d’une altitude de 2381 mètres. Une longue descente passe par le hameau de Naz et rejoint la gare de Preda.
Une vallée qui se mérite N° 1244
Chants — Bergün/Bravuogn • GR

Une vallée qui se mérite

Le Selabach est l’une des trois rivières de montagne des Grisons que l’on a voulu exploiter en 2007 pour la production d’énergie. Des installations hydro-électriques étaient prévues le long de la vallée de l’Albula, entre Naz et Bergün et de l’Ava da Tisch, dans le Val Tisch. A Bergün, le projet échauffa les esprits. La perspective de la création d’emplois et de revenus s’opposait aux intérêts de protection de la nature et du tourisme. Et ce d’autant plus que la zone de la rivière Albula concernée faisait partie de la région de la ligne ferroviaire inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Les habitants firent finalement le choix d’un paysage intact et refusèrent l’octroi de la concession. Le Val Tisch, une vallée latérale de la vallée de l’Albula, plaira aux amateurs de paysages isolés et de nature intouchée. Mais découvrir la vallée sur toute sa longueur se mérite. La longue et difficile randonnée d’un jour commence dans le hameau de Chants, dans le val voisin de Tuors. Le chemin mène d’abord à l’Alp digl Chants, puis, en une boucle, sur le sentier d’altitude qui passe par le Val Tuors et le Val Plazbi jusqu’au Murtel da Lai, le lac de montagne situé devant l’imposant Piz Kesch. La traversée du Piz Murtel da Fier qui suit est le point fort et le moment-clé de la randonnée; de fins éboulis et des gros blocs de pierre exigent de la prudence. La longue descente à travers le Val Tisch, en revanche, est un pur plaisir, même si le chemin est encore pénible au début. Ensuite, le relief de la vallée s’adoucit. Après avoir dépassé les vaches paissant sur l’Alp da Tisch, nous sommes fidèlement accompagnés par la forêt jusqu’à Bergün.
Au pays de Fridolin N° 1247
Linthal — Klausenpass • GL

Au pays de Fridolin

Dans le canton de Glaris, on croise saint Fridolin à tous les coins de sentier. Non seulement, les Glaronnais se nomment souvent Fridolin, mais ils donnent également le nom de leur saint à des choses. Saint patron de la tradition et de l’innovation, il est vénéré par les catholiques et toléré par les protestants, unissant ainsi les Glaronnais. La randonnée vers le Tödi, le Bifertenstock et le Clariden, les imposantes montagnes du sud du canton, n’échappe pas, elle non plus, à Fridolin. En partant de Linthal, on longe la Linth en direction de Tierfehd, tout au fond de la vallée. C’est là que commence l’ascension, qui suit d’abord une large route d’alpage jusqu’à Hintersand. Pour rejoindre le refuge Claridenhütte, première destination de la journée, le randonneur suit le cours de l’Oberstafelbach, à droite, vers Ober Sand, une superbe plaine alluviale alpine qui invite à faire une pause. Le chemin continue en direction du nord jusqu’au col du Beggilücke. On atteint le refuge Claridenhütte, le seul parmi les trois de la région à rester gardée jusque tard dans l’automne. Le lendemain, la randonnée mène au col du Fisetenpass en traversant les vallées d’alpage d’Altenoren et de Fiseten. De là, elle continue jusqu’au col du Klausenpass, parfois dans l’ombre des grandes montagnes glaronnaises, puis à nouveau à travers des alpages ensoleillés. Au cours de la randonnée, on se demande ce que représente Fridolin pour les Glaronnais. Est-il un logo créateur d’identité ou un culte? Les Glaronnais ne sont pas tous d'accord. Saint Fridolin joue toutefois un rôle important au quotidien en tant que porteur de nouvelles. En effet, un journal, qui est aussi une feuille officielle et des petites annonces gratuites, s’appelle Fridolin.
Géologie à toucher N° 1248
Glarus — Schwanden GL • GL

Géologie à toucher

Quand on évoque le canton de Glaris, on pense aux hautes montagnes qui s’élancent vers le ciel. Difficile de croire qu’ici tout est en mouvement: aucune pierre ni aucun rocher ne se dresse encore là où il gisait à l’origine. Cette randonnée conduit de Glaris au Lochsiten près de Schwanden, où les lynx se croisent la nuit. Cet endroit est la «Mecque» des géologues et un haut-lieu de la géologie, peut-être même le site géologique le plus important du monde. Il y a 120 ans environ, on comprit ici comment les montagnes sont nées: pendant 10 millions d’années, les anciennes masses pierreuses ont glissé sur les plus jeunes, le calcaire faisant office de lubrifiant. Les différentes couches sont clairement reconnaissables. La randonnée conduit à Glaris, sur la Burg, l’une des sept collines entourant la ville. La vue sur le Vorder Glärnisch y est magnifique. Puis, on continue le long de la rivière Linth jusqu’à Ennetbühls, on remonte le village et on longe les murs en pierres sèches qui bordent le chemin jusqu’à Ennenda. Des pierres de différentes couleurs composent ces murs, témoins de l’histoire de notre planète. Ennenda vaut le détour: au XIXe siècle, il se transforma en un village industriel avec d’impressionnantes bâtisses. On poursuit sur un terrain formé par les éboulis du Guppen, la montagne qui trône de l’autre côté de la vallée. Ici, le paysage est parsemé de collines; tout au fond de la vallée, le village s’étend sur un monticule. De là, on descend jusqu’à la rivière Sernf et au Lochsiten, un endroit sans intérêt à première vue, mais dont la copie conforme est pourtant exposée au Musée d’histoire naturelle américain, à New York. Le long de la Sernf, à travers champs, puis le long de la route, on rejoint la gare de Schwanden.
Le long de parois d’ardoise N° 1249
Elm • GL

Le long de parois d’ardoise

Durant des décennies, l’extraction de l’ardoise a été un élément essentiel de l’économie de la vallée de la Sernf. Après l’éboulement d’Elm, en 1881, et le manque de rentabilité croissant de l’ardoisière, cette source de revenu s’est lentement tarie. Pourtant, cette pierre noire continue à marquer Elm et les environs. On peut visiter la fabrique de tablettes d’ardoises à Elm et, un peu plus au nord, à Engi, l’ardoisière du Landesplattenberg, où l’on extrayait la pierre autrefois. Pendant deux heures et demie, on découvre d’étonnantes cavités creusées par l’homme. La randonnée sur le Firstboden mène au-dessus du site de l’éboulement. Ce n’est pas d’ici que l’on verra d’importantes couches de schiste ardoisier, mais, par contre, on pourra se représenter l’ampleur dévastatrice de l’effondrement. La randonnée débute à la station supérieure du téléphérique de Tschinglen, passe devant l’auberge et franchit deux ponts rustiques, sans balustrade, qu’il faut avoir le courage de traverser. La montée qui suit est difficile pour les enfants mais passe par une agréable succession de forêts, prairies et torrents. On voit à intervalles réguliers le chevauchement principal de Glaris et le trou de Saint-Martin. En haut, une zone pour les grillades et une vue superbe sur la vallée de la Sernf attendent les marcheurs. Le passage suivant est exigeant pour les enfants non entraînés et les personnes ayant le vertige. La descente est raide par endroits et après Märchtliplanggen, le chemin traverse un flanc pentu sur un pierrier. Puis le chemin est à nouveau plus praticable et rejoint la cabane de Tschinglen par l’itinéraire emprunté à l’aller. D’ici, une belle descente mène vers la gorge de Tschinglen, où l’on longe de grandes parois d’ardoise.
Bains de soufre à Linthal N° 1250
Bergli — Bergstation Brunnenberg • GL

Bains de soufre à Linthal

A l’époque, on venait à Linthal pour guérir. L’eau de source de la vallée, riche en soufre, était censée guérir de nombreux maux physiques. A l’apogée du tourisme de cure à la fin du XIXe siècle, les patients aimaient se faire dorloter à l’hôtel Bad Stachelberg à Linthal. Cette maison de cure était aussi un lieu de rencontre de la bonne société suisse et internationale. Les malades sans argent ni renom faisaient leur cure dans les bains de soufre de Luchsingen. Pendant la cure, on se baignait deux fois par jour, jusqu’à trois heures, dans une baignoire en bois. En complément, on buvait entre six et douze verres d’eau soufrée. Plus d’un patient devait être soulagé de finir sa cure après trois à quatre semaines, une fois sa santé améliorée. De nos jours, il ne reste que peu de traces du tourisme de cure qui florissait jadis à Linthal, mais les randonneurs jouissent d’une randonnée panoramique classique, avec une belle vue et deux spectacles de la nature mettant en scène l’eau de montagne cristalline. Le premier est la chute d’eau fraîche Berglistüber (littéralement: «celle qui plonge la petite montagne dans une nuée de gouttelettes»), atteinte après quelques minutes déjà depuis l’arrêt de car postal «Linthal, Bergli». Après une bonne montée, la randonnée suit le chemin panoramique, par Braunwald jusqu’à l’idyllique lac Oberblegisee, le second spectacle naturel. A la station inférieure Luchsingen, on peut faire le détour jusqu’à la source d’eau soufrée, joliment mise en valeur. On peut y étancher sa soif en sirotant l’eau de source qui sent les œufs pourris. C’est désagréable mais, comme disait Fritz Zweifel, maître-nageur de Stachelberg: «Ce qui fait du bien aux malades ne peut pas nuire aux personnes en bonne santé.»
Sentiers escarpés au col de Soreda N° 1253
Zervreila — Aquilesco Ghirone • GR

Sentiers escarpés au col de Soreda

Le chemin qui mène du Val di Blenio, au Tessin, à la cabane de Länta, au-dessus de Vals, par le col de Soreda, à 2759 mètres d’altitude est raide, long et ardu. Les paysans de Ponto Valentino, Castro et Marolta emmenaient malgré tout leurs bêtes dans les Grisons voisins, sur l’alpage de Soreda (Lampertschalp). C’est qu’on manquait de bons pâturages au Val di Blenio, or les produits des Alpes étaient très demandés. Le sentier historique du col de Soreda offre aux randonneurs chevronnés une expérience inoubliable dans le futur Parc national Adula. L’idéal est de le parcourir en deux jours, avec une nuit à la cabane Länta du CAS. On part de Zervreila, d’où l’on met le cap sur le col du Furggelti (2712 m), puis à la vallée de Länta, avec vue sur le Zervreilahorn. A la descente, la vue sur le massif glacé de l’Adula est somptueuse. Le deuxième jour, l’ascension commence devant les cabanes de Lampertschalp. Après une courte descente sur un tronçon exposé, on continue plus tranquillement en direction du col. On emprunte ensuite un chemin de randonnée alpine jusqu’au Pizzo Cassinello (3100 m). Les choses sérieuses commencent ensuite, la cavité abrupte sous le col étant l’endroit-clé de l’itinéraire. Aucune crainte: les endroits dangereux sont bien assurés. On peut se reposer ou passer une nuit de plus au refuge de Scaradra, sur l’alpage du même nom. Le dernier tronçon requiert encore un peu d’attention, avec deux rivières à traverser et quelques passages pentus. On atteint son but au barrage de Luzzone, et à l’arrêt du Bus alpin qui ramène les randonneurs à Olivone. Ceux qui n'ont pas encore atteint leur quota de dénivelé peuvent rejoindre Aquilesco Ghirone à pied en une petite heure.